À l’occasion de la sortie de l’excellent documentaire The Last Dance sur Netflix qui retrace le parcours hors norme de Michael Jordan en NBA, nous avons voulu en profiter pour retracer celui d’une autre star des parquets qui l’a accompagné tout au long de sa carrière : la fameuse Air Jordan.
Retour sur un mythe à travers cinq de ses meilleures incarnations.
Nike Air Jordan (1985)
Designer : Peter C. Moore
Retour dans les années 80. Nike n’est pas encore l’empire qu’il est aujourd’hui. Et en 1984 Michael Jordan, malgré des débuts très prometteurs en championnat universitaire, n’est qu’un rookie en NBA. Il vient tout juste de signer avec les Chicago Bulls et rêve d’un contrat de sponsoring avec Adidas, sa marque de baskets préférée, n’ayant jamais porté de Nike jusqu’alors.
C’est là qu’Adidas va probablement passer à côté du plus gros deal de son histoire : pour eux, à l’époque, le marché américain n’est pas une priorité. La marque allemande est déjà en contrat avec Kareem Abdul-Jabbar et ne se voit pas miser un demi-million de dollars sur un « arrière de petite taille » (Jordan ne mesurant qu’un petit mètre 98).
Nike remporte donc le contrat et va missionner un certain Peter Moore (qui passera ensuite chez Adidas) pour concevoir la toute première Air Jordan. Malgré un design relativement simple et classique, la sortie de la paire va s’accompagner d’un parfum de polémique : noire et rouge dans sa première version (baptisée Air Ship), elle ne respecte pas le dress code de la NBA qui impose à tous les joueurs de porter une majorité de blanc sur leurs chaussures, au risque d’une amende.
Nike va sauter sur l’occasion et surfer sur l’image un peu sulfureuse de ces « chaussures du diable ».
Avec un spot insinuant : « La NBA l’a interdit, mais rien ne vous empêchera de porter les nouvelles Air Jordan », Nike fait mouche et la Air Jordan, première du nom devient un carton monumental : 2 millions de paires se vendent et le modèle génère 100 millions de dollars de recettes en moins d’un an.
La polémique aura ainsi profité à Nike et à Jordan, donnant à la paire un petit côté rebelle qui assurera son succès.
Air Jordan III (1988)
Designer : Tinker Hatfield
La paire qui sauve Nike. En 88, le contrat arrivant à son terme, Jordan est prêt à changer d’équipementier. L’homme qui le fera changer d’avis se nomme Tinker Hatfield. Architecte de formation et ancien athlète de saut à la perche, il comprend les problématiques des sportifs (sauter plus haut, courir plus vite…) et emploie ses compétences en architecture pour innover en matière de footwear design. C’est à lui qu’on doit notamment les Air Max et les Huarrache, deux autres modèles cultes de Nike.
Il va reprendre le design de la Jordan II mais en y ajoutant une touche inspirée de l’univers du luxe : le fameux motif « elephant print ». Le logo Jumpman va remplacer pour la première fois l’iconique Swoosh de Nike. La bulle d’air apparente qui a fait le succès des Air Max sera aussi de la partie. Cerise sur le gâteau, il offre à Jordan des ensembles de vêtements assortis à la paire. De quoi séduire la star des Bulls qui finira par prolonger son contrat avec l’équipementier pour les saisons à venir.
La paire devient aussi célèbre pour ses pubs mettant en scène Michael Jordan et Spike Lee, jouant sous les traits du personnage de Mars Blackmon, tiré de son film She’s Gotta Have It (« Nola Darling n’en fait qu’à sa tête » en France).
Air Jordan IV (1989)
Designer : Tinker Hatfield
Petite soeur de la Jordan III, la IV conserve son aspect montant, sa bulle d’air apparente mais Hatfield va lui ajouter des filets en plastique des deux côtés et des languettes pour retenir les lacets, qui peuvent rappeler les filets des paniers de basket.
C’est justement un panier, ou plutôt LE panier (« The Shot ») qui achèvera de faire rentrer cette paire et son porteur dans l’histoire : c’est avec des Jordan IV aux pieds que Michael Jordan effectue le tir historique qui donne la victoire aux Bulls contre Cleveland à la dernière seconde du dernier quart-temps du match 5 des playoffs de 1989. Un des événements les plus marquants de sa carrière et de l’histoire du basket-ball !
On les retrouvera également de chez nouveau chez Spike Lee : elles déclenchent une émeute dans Do The Right Thing, quand un malheureux fait l’erreur de marcher sur les J’s de Buggin’ Out (joué par Giancarlo Esposito) :
Une édition spéciale nommée la Spiz’ike a d’ailleurs été crée pour sceller l’amitié entre Spike Lee et Michael Jordan.
Enfin, c’est l’une des sneakers les plus chères à la revente : la version collab avec Eminem s’échange à plus de 50 000$ sur StockX, Flight Club ou eBay 😱
Air Jordan VI (1991)
Designer : Tinker Hatfield
Cette fois, Hatfield lorgne du côté de l’automobile et s’inspire du design d’une Porsche pour concevoir son modèle. La Jordan VI dispose d’une empeigne renforcée avec deux trous dans la languette avant. Toujours montante, une languette arrière permet de la retirer plus facilement.
Elle est également liée à un moment-clef de la carrière de Jordan : c’est la paire qu’il portait lors de son sacre de MVP pour la finale NBA de 91 remportée contre les les Lakers.
De par son design et son aspect futuriste, elle est devenue culte, et c’est probablement la plus visible dans la pop culture : on la retrouve dans des films comme Les Blancs ne savent pas sauter, Creed, la série Seinfeld, ou encore le manga Slam Dunk.
Elle est également très populaire dans le monde du rap, de Booba (« Haut les mains, Jordan 6, 46 dans l’orifice » dans Boss du Rap Game), à Travis Scott qui a signé sa propre version de la paire.
Air Jordan XI (1995)
Designer : Tinker Hatfield
Entre 93 et 95 Jordan, traumatisé par l’assassinat de son père, prend sa retraite du basket et s’essaie au baseball. La Jordan VI fut imaginée par Tinker Hatfield dans l’espoir de le revoir jouer un jour en NBA.
Conçue avec de la fibre de carbone, elle est plus légère que ses grandes soeurs. C’est également la première chaussure de basket avec une empeigne en cuir verni, lui donnant une allure chic de chaussure de soirée. Jordan disait qu’il pouvait la porter sur les terrains, et, en dehors avec un costume.
En 95, quand Jordan décide de revenir en NBA, la AJ XI n’est qu’un prototype que Nike et Hatfield lui déconseillent de porter. His Airness n’en fait qu’à sa tête et décide de les chausser malgré tout. Il écopera d’une amende de 5000$ car la paire ne respectait pas le dress code des Bulls, qui portaient tous des chaussures entièrement noires.
C’est probablement le modèle de Jordan le plus populaire, en rupture de stock après quelques minutes à chaque nouvelle réédition. C’est également le modèle préféré de Tinker Hatfield. Et enfin, c’est la paire à l’honneur dans Space Jam, où Michael partage l’affiche avec Bugs Bunny et Bill Murray. Comment faire mieux ?
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